ELOGE DE LA FEMME
Episode 1 : Les collines enchantées
J'ai fait ces vers subtils, polis comme des bagues,
Pour immortaliser la gloire de tes seins
Que mon houleux désir bat toujours de ses vagues.
Qu'ils y fleurissent donc éternellement sains,
Et que dans la roideur fière des pics de glaceIls narguent à jamais les siècles assassins !
Sur ta chemise, enfant, mon œil baise la place
Qu'use le frottement de leurs boutons rosés,Et voilà que déjà le vertige m'enlace.
Si j'osais ! Tu souris, semblant me dire : « Osez !
Mes seins voluptueux sont friands de vos lèvresEt de larmes d'amour veulent être arrosés. »
Et pour m'indemniser des nuits où tu m'en sèvres,
Tu ne les caches plus que sous tes noirs cheveuxDrus comme les buissons que mordillent les chèvres.
Ivresse ! Ils sont alors à moi tant que je veux :
Car mes doigts chatouilleurs ont des caresses lentesS'entrecoupant d'arrêts et de frissons nerveux.
Et quand vibrent sur vous mes lèvres harcelantes,
Libellules d'amour dont vous êtes les fleurs,
Votre incarnat rougit, pointes ensorcelantes !
Rubis des seins, vous en rehaussez les pâleurs
Et vous vous aiguisez, jusqu'à piquer ma joueComme le bec lutin des oiselets siffleurs.
Et tu frémis avec une adorable moue
Tandis qu'au cliquetis de tes bracelets d'or
Ta main dans ma crinière indomptable se joue !
En vain la bise hurle au fond du corridor,
Tu souris de langueur sur le sopha d'ébèneDevant l'âtre paisible où la flamme s'endort.
Moi, je brûle affolé, je me contiens à peine ;
Et pourtant mon désir qui rampe à tes genouxSait que sa patience a toujours bonne aubaine.
Mais tu laisses tomber ton provocant burnous,
Et, moderne houri des paradis arabes,Tu bondis toute nue en criant : « Aimons-nous ! »
Oh ! comme nous râlons ces magiques syllabes,
Dans la chère seconde où, pour mieux s'enlacer,Nos jambes et nos bras sont des pinces de crabes !
Pas un coin de ton corps où mes lèvres ne paissent
Tu me bois, je t'aspire ! et, pour me délasser,
J'admire tes beaux seins qui s'enflent et s'abaissent.
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